'The Fight for a Net-Zero Aviation' - La vision d'Ardian sur la décarbonation de l'aviation

Le 9 novembre 2022, Ardian a publié l’étude ‘The Fight for a Net-Zero Aviation’ à l’occasion de sa troisième conférence annuelle sur l’Infrastructure Augmentée afin d’aborder la question de la décarbonation de l’aviation. Quels enseignements clés pouvons-nous tirer de l’étude et de la conférence ?

Les aéroports ‘augmentés’ sont les principaux catalyseurs de la décarbonation du secteur.

Les aéroports sont au cœur du secteur de l’aviation. Ils sont également le lieu central où toutes les parties prenantes se rencontrent : compagnies aériennes, passagers, constructeurs d’avions, fournisseurs d’énergie, contrôleurs aériens et entreprises de manutention au sol. Grâce à leur position centrale dans l’écosystème du transport aérien, les aéroports ont la capacité et le devoir de permettre et d’impulser la transition de l’aviation vers une croissance durable.

Bien que les aéroports ne soient pas directement responsables de 95 % de leurs émissions de CO2, celles-ci sont tout de même classées dans la catégorie des émissions de scope 3 selon les normes du Greenhouse Gas Protocol. Par conséquent, en gérant efficacement leurs émissions scope 3, grâce à des outils scientifiques fondés sur la donnée et en tirant parti des données opérationnelles, les aéroports peuvent jouer un rôle de catalyseur dans la réduction de l’empreinte carbone globale de l’aviation.

En tant qu'investisseur mondial de premier plan dans les infrastructures aéroportuaires, Ardian estime qu’il est de son devoir de s’engager dans des investissements responsables. En raison de leur position centrale dans la chaîne de valeur et à la lumière du cadre conceptuel de l’infrastructure augmentée conçu par Ardian en 2018, l’étude opte pour une perspective centrée sur les aéroports pour aborder les principes fondamentaux de la décarbonation de l’aviation.

À ce titre, Ardian a réuni plus de 400 dirigeants d’aéroports, industriels, start-ups, partenaires financiers et universitaires du secteur, dont certains ont contribué à la rédaction de l’étude lors d’une conférence pour présenter leurs initiatives et leur vision.

Le défi : des mesures à prendre par l'ensemble de l'écosystème aéronautique pour une aviation neutre en carbone.

Selon l’IATA (Association du Transport Aérien International), le trafic aérien va plus que doubler d’ici à 2050 pour atteindre 10 milliards de passagers. Bien que l’aviation ne représente aujourd'hui qu'environ 3 % des émissions globales de CO2 et que les émissions de CO2 par passager aient diminué au cours des quinze dernières années, les émissions du secteur devraient augmenter de manière significative si rien n’est fait pour les réduire. En effet, si le secteur aérien était le seul à ne pas mettre en œuvre de feuille de route climat efficace afin d’atteindre l’objectif de 2°C de l’Accord de Paris, les émissions de CO2 de l’aviation pourraient atteindre jusqu’à 22 % des émissions mondiales en 2050.

Face à ce constat, la sobriété est apparue comme une solution possible, émanant à la fois d’une partie des passagers et des autorités publiques. Si une telle perspective est envisageable dans les régions disposant d’infrastructures de transport alternatives, la sobriété pourrait s’avérer plus difficile pour d’autres régionssoumises à des contraintes géographiques importantes et où le trafic aérien est appelé à augmenter considérablement dans les années à venir.

Il faut également garder à l’esprit l’impact social et économique essentiel de l’aviation. En France, l’aviation représente un million d’emplois, dont 30 % sont des emplois hautement qualifiés. On estime qu’il faudrait environ 1,5 trillion d’euros d’investissements d’ici 2050 pour réaliser la transition vers un écosystème du transport aérien décarboné.

La stratégie : reports intermodaux et investissements durables dans les technologies et les carburants alternatifs.

D’après l’expertise et les convictions qu’Ardian a pu se forger, la licence d’exploitation du secteur dépend de sa trajectoire vers la neutralité carbone qui se fera par l’activation simultanée de plusieurs leviers.

Le premier levier, et le plus important, consiste à déployer à grande échelle des carburants d’aviation durables (Sustainable Aviation Fuels, SAF). Ces carburants alternatifs peuvent réduire les émissions de CO2 sur l’ensemble du cycle de vie de 70 % par rapport aux carburants traditionnels. Plus important encore, ils représentent la seule option technique pour décarboner les vols long-courriers. Pour ce faire, des investissements massifs dans les infrastructures ainsi que l’engagement des acteurs industriels sont nécessaires pour développer la chaîne d’approvisionnement des SAF et répondre à la demande. Ce dernier point implique de multiplier la production actuelle par plus de 3 000 d’ici à 2050.

Ce levier devrait représenter un tiers de la décarbonation du secteur à horizon 2050. Il inclut entre autres l’avion à hydrogène qui est une technologie très prometteuse à long terme et qui n'émet pas de CO2 lors de la combustion. En faire une réalité est le premier défi sur lequel travaille Airbus, avec l’objectif de commercialiser le premier avion à hydrogène au monde d’ici 2035. Cela dépend également des montants investis dans la filière hydrogène pour construire cette nouvelle génération d'avion, dans la chaîne d'approvisionnement nécessaire et dans les nouvelles infrastructures à intégrer aux installations aéroportuaires.

Un troisième levier de décarbonation réside dans l'amélioration de l'efficacité des opérations et des infrastructures. Les solutions technologiques existent et peuvent d'ores et déjà être déployées. Ardian, aux côtés de ses partenaires et des entreprises de son portefeuille, s’implique donc dans l’optimisation des opérations aéroportuaires comme l’électrification des véhicules au sol avec pour objectif de jeter les bases d’un avenir à faible émission de CO2 pour les activités de manutention des avions.

Ainsi, dans un nouveau paradigme où  ces différentes solutions doivent s’accompagner d’une transition des infrastructures traditionnelles vers des infrastructures augmentées, les aéroports ouvriront la voie à de nouvelles expériences et opportunités.

À partir de leur position au cœur de la chaîne de valeur de l’aviation, les aéroports ont le pouvoir et le devoir de conduire la transition du secteur. Atteindre la neutralité carbone est le plus grand défi auquel est confronté le transport aérien. La seule façon de réussir est donc de convenir d’un plan d’action coordonné à l’échelle mondiale et impliquant toutes les parties prenantes du secteur. Aéroports, acteurs institutionnels et industriels devront renforcer leur collaboration pour permettre la transition du secteur.