Ardian accélère sa transition numérique
Au sein d'Ardian
Ardian accélère sa transition numérique
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13 Septembre 2021
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Real Assets
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Infrastructure
Temps de lecture : 10 minutes
« Les compétences et outils nécessaires pour évoluer dans le secteur des énergies renouvelables sont désormais totalement différents. »
Marion Calcine, Chief Investment Officer au sein d’Ardian Infrastructure, revient sur les évolutions fondamentales survenues, ces dix dernières années, dans la sphère des énergies renouvelables. Les coûts de l’énergie solaire et éolienne ont chuté de manière spectaculaire et nombreux sont les pays à avoir progressivement mis un terme aux subventions de nouveaux projets. Face à cette situation, elle estime que des compétences et systèmes nouveaux s’imposent afin de s’en sortir sur des marchés non subventionnés.
Dans cet article, elle nous explique comment évolue l’approche d’Ardian en matière de gestion de ses actifs éoliens et solaires, suite à l’arrêt des subventions dans le secteur du renouvelable et à l’exposition aux prix du marché de l’électricité. Elle aborde également la collaboration entre Ardian, Greenbyte et Pexapark afin de faire face aux nouveaux risques auxquels la société est confrontée en lien avec la forte demande de ces actifs, la pression sur les marges et le risque accru lié au prix de l’électricité.
L’approche d’Ardian
Ardian gère 114 milliards de dollars d’actifs et possède un réseau de quinze bureaux dans le monde. Son portefeuille d’actifs d’énergies renouvelables représente une capacité installée de 3,5 GW.
Depuis 15 ans déjà, au sein d’Ardian, Marion Calcine travaille sur un large éventail d’actifs d’infrastructure, couvrant aussi bien les transports et la distribution de gaz que les énergies renouvelables. En Italie, elle est notamment en charge des investissements de la société dans les énergies renouvelables. Forte de cette expérience, elle a assisté aux changements rapides survenus sur le marché énergétique mondial.
Durant cette période, les pratiques d’investissement dans le renouvelable d’Ardian ont évolué, passant d’investissements en qualité d’actionnaire minoritaire aux côtés d’un partenaire industriel, à des investissements autonomes. D’un point de vue géographique, elles se sont également étendues, passant de l’Italie et de la France à l’Allemagne, l’Espagne, les États-Unis et les pays nordiques. Marion Calcine affirme que les types d'opérations auxquelles elle participe ont également changé, en raison de la baisse des coûts technologiques et des modifications réglementaires sur ses principaux marchés.
« Il y a dix ans de cela, nous investissions dans des énergies renouvelables totalement subventionnées sur 10 à 15 ans. Aujourd’hui, nous investissons dans des énergies renouvelables qui ne sont pas subventionnées, le coût de la technologie étant très bas, ou dont seule une portion initiale de la production est garantie par un contrat d’achat d’électricité (CAE) ou toute autre couverture », explique-t-elle.
L’exposition croissante à la volatilité du marché de l’électricité « marchande » est à l’origine d’un changement de cap majeur pour Ardian et la gestion de son portefeuille.
D’une part, nous devons nous concentrer sur tous les leviers d’optimisation de la production afin de maximiser le nombre de mégawattheures de nos actifs. D’autre part, nous devons viser les plus hauts niveaux d’expertise en matière de vente d'énergie et de gestion des risques afin de contrôler notre exposition financière tout en suivant au plus près la dynamique du marché, et saisir les meilleures opportunités. L’innovation numérique est au cœur-même de ces changements.
En d’autres termes, Ardian doit faire évoluer son approche de la gestion des actifs, son état d’esprit et ses systèmes. La société est désormais dotée d’une équipe Digital and Data Science et a adopté une stratégie de gestion de ses actifs basée sur l’amélioration des ressources numériques. Elle estime que la digitalisation est un pilier incontournable des avancées et innovations technologiques et qu’elle lui permettra d’atteindre les objectifs de réduction d’émissions de carbone de l’Accord de Paris.
Nous avons beaucoup investi dans notre équipe – des professionnels capables d’exploiter plus efficacement les installations – et nos outils numériques pour nous accompagner dans cette transition
Un boom dans les investissements
L’investissement dans les énergies renouvelables est resté soutenu malgré la pandémie de Covid-19 et son climat d’incertitude mondiale. Ces 18 derniers mois, Marion Calcine a senti une accélération des investissements dans ce secteur, essentiellement des entreprises de services publics et des compagnies pétrolières et gazières. Cette tendance a fait bondir le prix des actifs. Mais cette dynamique impulsée au déploiement des énergies renouvelables est synonyme de nouveaux risques et de leur nécessaire gestion.
Il s’agit notamment des risques liés à la production intermittente et à la fluctuation des prix de l’électricité marchande, toutes deux ayant une incidence sur le prix de l’énergie et le rendement des projets. Selon Marion Calcine, pour des acteurs tels qu’Ardian, il est capital de comprendre ces risques : « Il faut être capable de les mesurer, de les évaluer et de les prendre en compte dans nos analyses de rentabilité ».
Ardian doit comprendre combien d’électricité produisent ses actifs et quand, savoir à quel prix vendre cette énergie et comment maîtriser ces risques variables. Pour Marion Calcine, le numérique permet de répondre à ces questions – et ce, de deux façons.
« Ce projet repose sur deux outils. Le premier, Greenbyte, est un outil opérationnel déployé dans la plupart de nos sociétés en portefeuille. Il permet à nos équipes dirigeantes d’analyser la disponibilité et la performance technique de nos actifs. »
« Le second concerne la gestion des risques énergétiques, spécialité de Pexapark. Si nous ne faisons pas de gestion de l'énergie en interne et ne prenons pas de risque commercial, nous voulons nous assurer que les risques énergétiques sont correctement mesurés et surveillés dans un portefeuille, et appliquer des analyses de pointe aux décisions de couverture. »
Intéressons-nous plus en détails à chacun de ces outils.
La gestion opérationnelle
Avec Greenbyte, Ardian peut suivre la performance technique et le profil de production de ses actifs, tant au niveau du portefeuille, de projet précis ou de composantes individuelles pour de plus amples détails.
En adoptant la plateforme de suivi et de gestion des actifs de Greenbyte, l’équipe d’Ardian Infrastructure peut superviser et évaluer les performances techniques de son portefeuille, qui couvre trois marchés en Europe, cinq aux États-Unis et deux en Amérique latine. Jonas Corné, CEO de Greenbyte, expose les atouts de ses solutions.
« L’accès à la performance des actifs permis par le logiciel est une source majeure d’opportunités. Greenbyte offre aux équipes d’Ardian un moyen d’améliorer la transparence envers les investisseurs, mais aussi envers les sociétés en charge de l’exploitation et de la maintenance (O&M) et les fournisseurs de turbines éoliennes et de panneaux solaires (OEM). Ces données aident Ardian à optimiser les performances techniques et à créer de la valeur sur l'ensemble du portefeuille, ainsi qu'à être en mesure de mieux appréhender les différentes négociations contractuelles » affirme-t-il.
Selon Marion Calcine, cela permet à Ardian d’identifier les problèmes de performance technique et de définir des modèles : « Par rapport à une courbe de puissance théorique, nous analysons les écarts de tous nos parcs éoliens, afin de déterminer des schémas communs à l’ensemble du portefeuille. » Ainsi, Ardian et ses sociétés ont accès à des informations issues de l’ensemble du portefeuille (et pas uniquement de leurs propres actifs), des informations qui leur seraient autrement inconnues du fait de leur présence géographique limitée.
« Avec certains OEM ou dans certaines régions, nos dirigeants locaux n’ont pas connaissance de ces tendances générales car ils opèrent dans une seule et même zone. Ces informations orientent les ajustements qui s’imposent et améliorent la performance et la prévisibilité des actifs. »
Marion Calcine rappelle, notamment, qu’une augmentation de 1 % de la production d’un projet individuel est conséquente dans un secteur au sein duquel les coûts variables sont nuls. Ces avantages sont importants dans un secteur dans lequel le prix des actifs est élevé.
« Nous ne sommes dorénavant plus payés plus de 100 euros pour chaque mégawattheure injecté dans le réseau » affirme-t-elle.
« L’accès à la performance des actifs permis par le logiciel est une source majeure d’opportunités. Greenbyte offre aux équipes d’Ardian un moyen d’améliorer la transparence envers les investisseurs, mais aussi envers les sociétés en charge de l’exploitation et de la maintenance (O&M) et les fournisseurs de turbines éoliennes et de panneaux solaires (OEM). »
« Ces données aident Ardian à optimiser les performances techniques et à créer de la valeur sur l'ensemble du portefeuille, ainsi qu'à être en mesure de mieux appréhender les différentes négociations contractuelles » affirme-t-il. »
Selon Marion Calcine, cela permet à Ardian d’identifier les problèmes de performance technique et de définir des modèles : « Par rapport à une courbe de puissance théorique, nous analysons les écarts de tous nos parcs éoliens, afin de déterminer des schémas communs à l’ensemble du portefeuille. » Ainsi, Ardian et ses sociétés ont accès à des informations issues de l’ensemble du portefeuille (et pas uniquement de leurs propres actifs), des informations qui leur seraient autrement inconnues du fait de leur présence géographique limitée.
« Avec certains OEM ou dans certaines régions, nos dirigeants locaux n’ont pas connaissance de ces tendances générales car ils opèrent dans une seule et même zone. Ces informations orientent les ajustements qui s’imposent et améliorent la performance et la prévisibilité des actifs. »
Marion Calcine rappelle, notamment, qu’une augmentation de 1 % de la production d’un projet individuel est conséquente dans un secteur au sein duquel les coûts variables sont nuls. Ces avantages sont importants dans un secteur dans lequel le prix des actifs est élevé.
« Nous ne sommes dorénavant plus payés plus de 100 euros pour chaque mégawattheure injecté dans le réseau » affirme-t-elle.
« Nous devons veiller à ce que la performance de nos actifs soit la meilleure qui soit, à moindre coût, pour être compétitif face aux autres sources d’énergie. »
Fort des données consolidées et harmonisées dans Greenbyte, Ardian peut aisément les partager avec d’autres parties prenantes (exploitants, acheteurs d’électricité et autres éditeurs de logiciels), créatrices de valeur additionnelle dans la chaîne de valeur.
Greenbyte permet à Ardian de procéder à des ajustements techniques qui améliorent la rentabilité – mais il faut plus que cela sur un marché ne bénéficiant pas de tarifs de rachat centralisés.
La gestion des risques énergétiques
Autre changement important opéré par Ardian : celui concernant ses modalités de mesure, de suivi et de gestion de son exposition au risque de prix. Et c’est là que Pexapark entre en jeu.
Les données de production de Greenbyte alimentent directement le « système d'exploitation » de Pexapark sur le portefeuille européen et donnent une vision complète et transparente de la valeur marchande réalisée par les actifs renouvelables d'Ardian en Europe. Par ailleurs, le moteur des risques de Pexapark évalue en continu la valeur de sa production d’électricité, le risque de marché et la performance sur le long terme de l'ensemble du portefeuille et des contrats d’énergie.
Ainsi, Ardian Infrastructure peut entreprendre d'importantes analyses à l'échelle du portefeuille, y compris à terme des calculs de « disponibilité des moyens de production pondérée par les revenus ». Ces données peuvent être utilisées pour optimiser et programmer les opérations de maintenance lors des périodes de faible production et de prix bas.
À plus long terme, cela doit aider Ardian Infrastructure à construire un portefeuille d'énergies renouvelables optimisé et à couvrir de façon adéquate l’exposition au risque de marché dans cette nouvelle ère d’exploitation des énergies renouvelables.
Luca Pedretti, COO de Pexapark, explique :
L’approche pionnière d'Ardian Infrastructure dans la construction de son arsenal d'outils numériques pour la vente d'énergie non subventionnée et la gestion des risques associés lui permet de se démarquer du marché.
«L'équipe d'Ardian montre qu'avec ce système d'exploitation en place, les fonds d'énergie renouvelable peuvent adapter leurs modèles pour rivaliser avec les groupes industriels traditionnels, qui bénéficient de décennies d'expertise en la matière. »
Pour l’essentiel, le portefeuille d’Ardian est toujours composé d’actifs subventionnés, ce qui a protégé la société des récentes fluctuations de prix, avant et pendant la crise sanitaire. Pour Marion Calcine, aujourd’hui, la problématique majeure dans le secteur des énergies renouvelables est la suivante : les parcs éoliens et solaires sont encore perçus comme des actifs stables et attirent des endettements importants, mais la volatilité qui pèse sur la vente d’électricité de ces structures sur le marché libre est et a toujours été considérable.
« La crise de la Covid-19, et toutes les fluctuations occasionnées sur le marché, ont mis en lumière le besoin d’outils permettant de mieux analyser le risque marchand, à court et long terme, dans un contexte de volatilité croissante des prix », précise-t-elle. Si le contexte sanitaire n’est peut-être pas à l’origine d’une volatilité plus élevée que celle qui aurait été observée autrement, il a accru la pression qui pèse sur les entreprises pour s’assurer qu’elles disposent des outils numériques leur permettant de stabiliser leurs revenus liés au prix de l’électricité.
Marion Calcine ajoute que Pexapark accompagne les équipes dirigeantes de ses actifs renouvelables dans leur transition d’un modèle 100 % subventionné à un environnement marchand. En pratique, deux domaines sont concernés.
« À l’échelle des actifs, nous voulons les outils les plus évolutifs qui soient pour transiger entre le maintien de notre exposition commerciale ou la couverture des niveaux de prix basée sur des contrats d’achat d’électricité. Nous souhaitons également avoir une vision globale de notre exposition commerciale, un calcul de revenus à risque sur le long terme, afin de déterminer nos orientations et la composition de notre portefeuille » déclare-t-elle.
Elle ajoute que l’un des avantages principaux du système de Pexapark réside dans la modélisation des impacts potentiels de tout nouvel actif dans le portefeuille d’Ardian.
« À nos yeux, l’une des fonctionnalités très importante de Pexapark est l’additionnalité. À chaque ajout d’un nouvel actif, vous pouvez visualiser son impact sur votre valeur à risque globale ». Ce critère est important pour des sociétés telles qu’Ardian, qui cherchent à conserver leurs actifs sur le long terme.
Et demain ?
Dans le secteur des énergies renouvelables, les exploitants et les investisseurs sont confrontés à des marges bénéficiaires plus faibles et à des niveaux plus élevés de risques liés au prix de l’électricité. En conséquence, il sera de plus en plus important pour eux d’appréhender pleinement la gestion des risques financiers et techniques de leurs actifs.
Pour Marion Calcine, cela n’est possible qu’à la condition d’intégrer parfaitement des systèmes tels que ceux de Greenbyte et Pexapark. En y parvenant, un changement culturel peut se profiler en termes de gestion des risques. Le succès repose sur la coopération des équipes dirigeantes concernées.
« Elles doivent prendre conscience que ces outils leur seront utiles, avant même de l’être pour Ardian », poursuit-elle. Elle ajoute, enfin, que les systèmes numériques joueront un rôle décisif lorsque les investisseurs et les exploitants chercheront à négocier sur un marché versatile.
Et de conclure : « Les entreprises en mesure de faire face comme il se doit au risque commercial ont le plus de chances de s’en sortir. » Le numérique constituera la base de cette approche.