Le Groupe de travail sur les Transports étudie les possibilités de parvenir au zéro émission nette
Finance Responsable
Le Groupe de travail sur les Transports étudie les possibilités de parvenir au zéro émission nette
-
05 Juillet 2021
-
Real Assets
-
Infrastructure, Sustainability
Temps de lecture : 15 minutes
La pression exercée par les parties prenantes sur les entreprises et leurs avancées réelles en termes de réductions de CO2 s’accentue. Dans de nombreuses régions du monde, les réglementations en matière d’émissions climatiques et les obligations de déclaration afférentes deviennent de plus en plus strictes. Les clients et autres représentants de la société civile exigent une surveillance accrue, tandis que les collaborateurs, actuels et futurs, attendent de leur entreprise qu'elle soit un agent du changement vers le zéro carbone.
« Tout au long du cycle de vie de nos investissements, il est primordial d’être proactif dans la gestion des risques et opportunités liés au climat », affirme Pierre Klemas, Sustainability Director chez Ardian. « C’est pourquoi nous utilisons toujours les meilleures normes en vigueur pour améliorer notre approche. Au-delà de la responsabilité carbone, nous soutenons activement l’ensemble de nos sociétés en portefeuille afin qu’elles définissent les objectifs de réduction d’émissions nécessaires au respect des trajectoires 2°C. »
Dans le cadre des initiatives d’Ardian pour accélérer la transition de son portefeuille vers une économie sobre en carbone, le Groupe de travail sur les Transports (TWG) créé par les équipes Infrastructure et Sustainability, a profité de son deuxième atelier pour explorer les enjeux pratiques que suppose l’atténuation des impacts liés au changement climatique.
Ce groupe de travail réunit cinq sociétés de transport du portefeuille Infrastructure d’Ardian : les opérateurs autoroutiers Ascendi (Portugal), ASTM (Italie), Vespucio Norte (Chili), ainsi que SEA, gestionnaire des deux aéroports de Milan, et Lisea, société concessionnaire de la ligne à Grande Vitesse de 300 km entre Tours et Bordeaux (France), ainsi qu’Indigo, opérateur français de parcs de stationnement et ancienne société du portefeuille d’Ardian.
Dans ce contexte, ce groupe de travail sur la Neutralité Carbone a été l’occasion d’aborder les enjeux et opportunités majeurs liés aux trajectoires d’émissions sobres en carbone.
Selon Raphaëlle Muhlmann-Eytan, Director of Asset Management de l’équipe Ardian Infrastructure, « au sein de notre groupe de travail, notre ambition commune consiste à identifier au plus vite les leviers d’action et de progrès vers la zéro émission nette. » « Un important volet du débat concerne le Scope 3, à savoir ces émissions indirectes qui se produisent tout au long de la chaîne de valeur, qu’il s’agisse des fournisseurs ou des clients finaux. Même si les enjeux sont clairs dans le processus de fixation des objectifs de réduction, nous nous efforçons toujours de saisir les opportunités commerciales et de favoriser les approches innovantes avec toutes nos parties prenantes. »
Un suivi en temps réel étendu aux autoroutes
Depuis de nombreuses années, Ardian mène des initiatives pour lutter contre le changement climatique et adopte les normes mondiales les plus avancées, telles que le Greenhouse Gas (GHG) Protocol, pour améliorer la responsabilité carbone tout au long de la chaîne de valeur des sociétés de son portefeuille. En 2020, Ardian est devenu signataire de la Taskforce on Climate-Related Financial Disclosures (TCFD), une instance mondiale qui promeut une gestion et un reporting rigoureux des risques climatiques. Chaque année, les équipes Infrastructure et Sustainability d’Ardian échangent avec les sociétés en portefeuille pour soutenir l'évaluation des émissions de carbone, développer des stratégies de réduction, gérer les risques liés au climat et saisir de nouvelles opportunités commerciales.
Ardian a également développé des outils tels que AirCarbon pour mesurer et analyser en temps réel les données relatives aux émissions de ses activités aéroportuaires. Durant l’atelier dédié à la Neutralité Carbone du TWG notamment, Skander Kamoun, Data Scientist pour Ardian Infrastructure, a expliqué de quelle manière l'outil associe les données de plusieurs sources pour calculer les émissions provenant des déplacements des appareils, des opérations au sol, des bâtiments et services des terminaux, ainsi que des déplacements des passagers vers et depuis l'aéroport.
En se basant sur l’expérience d’AirCarbon, Skander Kamoun a présenté CarCarbon, le nouveau projet d’Ardian destiné à mesurer et analyser les émissions en temps réel du trafic routier. Cet outil cherchera à améliorer davantage les modèles d'émissions actuels (principalement basés sur le nombre et la taille des véhicules mais n'intégrant pas de données spécifiques sur la vitesse, la congestion et le comportement des conducteurs).
Ces lacunes en matière de données sont comblées par un partenariat avec Waze, une filiale de Google, afin de saisir des données anonymes sur le trafic en temps réel, telles que la vitesse et l'accélération. Afin de générer des données exhaustives, CarCarbon sera compatible avec la solution logicielle informatisée de Wintics pour la gestion de la mobilité qu’Ascendi a déployée au Portugal. La solution de Wintics extrait les données du réseau de caméras installées sur les routes afin de générer, en temps réel, des données fiables sur le trafic. Enfin, Skander Kamoun a précisé que l'ajout de capacités d'apprentissage machine permettra également au modèle CarCarbon de prévoir les niveaux de trafic et de gérer les flux afin de minimiser les embouteillages et donc de réduire les émissions de carbone.
Ascendi investit activement pour réduire ses émissions de carbone. Notre écosystème de routes intelligentes et de partenaires de la mobilité accélère la mise en œuvre de solutions innovantes qui améliorent l’expérience client et contribuent à nos objectifs de neutralité carbone.
Les émissions indirectes de carbone : un enjeu de taille
AirCarbon illustre parfaitement les enjeux auxquels sont confrontées les sociétés d’infrastructure pour réduire leurs émissions globales de carbone. Kamoun explique que les déplacements des appareils et les activités au sein des aéroports eux-mêmes - définis telles des émissions de Scope 1 et 2 par le GHG Protocol - représentaient près de 2/3 des émissions de carbone captées par AirCarbon.
Les déplacements des passagers vers et depuis les aéroports représentent le dernier tiers des émissions, relevant du Scope 3 du GHG Protocol. Néanmoins, le Scope 3 inclut également bien d’autres sources d’émissions qui échappent à AirCarbon : c’est le cas de la chaîne d’approvisionnement et des émissions liées au transport des biens et services utilisés au sein des aéroports. Dans l’ensemble, les émissions de Scope 3 représentent donc une part conséquente de l’empreinte carbone des aéroports. Elles ne relèvent pas du contrôle direct des exploitants aéroportuaires. Les aéroports n’ont un contrôle direct que sur près de 5 % de leur empreinte carbone.
L'énorme part d'émissions qui relèvent du Scope 3 est une caractéristique commune des actifs d'infrastructure économique ; elle rend le processus d'évolution vers la neutralité carbone particulièrement difficile. Il est essentiel de trouver des solutions, à l’instar du partenariat entre Ascendi et Wintics, pour mieux comprendre les sources d'émissions qui échappent au contrôle des exploitants d’infrastructures.
Émissions de Scope 1-3
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) peuvent être regroupées en trois catégories :
- Scope 1 - Émissions directes résultant d’activités détenues ou contrôlées par l’entreprise
- Scope 2 - Émissions indirectes résultant de la consommation énergétique de l’entreprise (éclairage, chauffage, climatisation, etc.)
- Scope 3 - Autres émissions indirectes résultant des activités de l’entreprise mais générées par des sources ne relevant pas de son contrôle
Vers la neutralité carbone
À l’occasion de ce groupe de travail, Giuseppe Milici, Massimo Fortunato, et Valentina Garufi de Deloitte ont présenté un cadre permettant aux sociétés de planifier leur démarche vers la zéro émission nette. Il repose sur quatre étapes :
-
Définir le sujet à analyser en tenant compte des biens physiques produits destinés à la vente, des services fournis et des entités concernées par ces processus.
-
Mesurer les émissions en se basant sur les meilleures normes en vigueur, et notamment le GHG Protocol. À ce stade, il est impératif d’identifier les activités ayant le plus fort impact sur les émissions de gaz à effet de serre (GES), qui offrent des possibilités importantes de réduction de GES et qui sont compatibles avec les objectifs commerciaux de la société.
-
Fixer un Objectif à atteindre en termes de neutralité carbone au moyen de mesures de réduction internes. Les entreprises devraient tenir compte des Science-Based Targets et viser des réductions absolues de leurs émissions de GES.
-
Réduire les émissions de GES autant que possible en associant des mesures internes et des partenariats externes avant d'utiliser des mécanismes de compensation. Pour cette dernière étape, identifier les solutions ayant le plus fort impact, y compris sans s’y limiter, l’achat de crédits carbone certifiés, l’investissement dans des projets d’énergies renouvelables, les puits de carbone, les solutions naturelles, etc.
Le premier groupe, composé d’Ascendi, ASTM et Vespucio Norte, a remarqué que les futures concessions de routes à péage sont susceptibles de mettre de plus en plus l'accent sur les priorités environnementales des opérateurs, offrant ainsi des possibilités de différenciation et d'avantage concurrentiel. Selon eux, la disponibilité croissante de produits financiers verts pour financer les projets de transition et les nouvelles technologies de « routes intelligentes » contribuerait également à accélérer la réduction de la pollution liée au trafic.
Sur la base du retour d'expérience de ces sociétés, on peut s'attendre à ce que, dans le secteur des concessions autoroutières, la neutralité carbone soit atteinte dans environ 15 ans. Plusieurs facteurs, dont l'évolution de la réglementation et les progrès en matière de responsabilité carbone, sont essentiels pour réduire les émissions des usagers de la route.
En lien avec ce cadre, au cours des travaux préparatoires de l'atelier du TWG sur la neutralité carbone, les six entreprises ont été divisées en deux groupes pour discuter de leurs avancées en termes de neutralité carbone et des possibilités futures d'améliorer la gestion de leurs émissions de CO2.
Les deux groupes ont prévu de réduire les émissions des Scopes 1 et 2 de 5 à 20 % au cours des cinq prochaines années grâce à des mesures telles que le passage à l'éclairage LED, l'achat d'énergie 100 % renouvelable et la promotion de carburants de substitution. Toutefois, il y aura probablement des surcoûts pour l'électricité verte.
En avril 2021, nous avons signé une convention de prêt ESG dont les prix sont liés à l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de CO2 et à l’utilisation d’électricité issue de sources renouvelables.
Amelia Celia, Chief Sustainability Officer chez ASTM, a déclaré que son entreprise utilisait la méthodologie de l'initiative Science-Based Targets (SBTi) pour fixer des objectifs de réduction des émissions et que ces engagements influençaient désormais ses accords de financement.
En 2011, Vespucio Norte est devenu le premier exploitant d’autoroutes du Chili à mesurer son empreinte carbone, déclare Enrique Méndez Vélasco, son CEO.
Nous renouvelons désormais cette démarche qui nous permettra d’évaluer les mécanismes d’atténuation des gaz à effet de serre nécessaires à la réduction de nos émissions sur le moyen terme.
Objectifs de réduction des GES
Pour définir leurs objectifs de réduction des émissions, deux possibilités s’offrent aux entreprises :
- Les réductions absolues qui comparent les émissions totales de GES de leur année cible à celles de l’année de base choisie. Par exemple, d’ici 2025, elles pourraient avoir pour objectif de réduire les émissions de 25 % par rapport à leur niveau de 2015.
- Les objectifs d’intensité correspondent au ratio d’émissions de GES par rapport à une référence choisie. D’ici 2025, elles pourraient, par exemple, vouloir réduire leurs émissions de 25 % par employé à temps plein par rapport à leur niveau de 2015.
Dans le second groupe, réunissant Lisea, SEA et Indigo, les enjeux de la réduction des émissions de carbone sont considérés comme importants et nécessiteront des partenariats entre les parties prenantes, notamment les fournisseurs, les autorités publiques, les établissements universitaires, les régulateurs et les utilisateurs des infrastructures. Dans ce contexte, le développement de réglementations nationales et internationales visant à accélérer la transition vers la neutralité carbone est nécessaire, de même que l’émergence de technologies sobres en carbone (l’hydrogène vert par exemple).
Concernant les projets d’infrastructure, Lisea illustre bien les calculs d’émissions sur le long terme. La société avait conçu le projet de construction de la ligne ferroviaire à Grande Vitesse de manière à minimiser son empreinte carbone. Elle accordait une importance majeure aux calculs annuels du volume d'émissions de carbone évitées grâce au report modal (adoption du rail par les utilisateurs d'autres modes de transport pour leurs déplacements).
Grâce à cela, la quantité de CO2 émise lors de la phase de construction sera compensée par les émissions évitées via le report modal d’ici 2030.
Georgio Medici, Environment and Airport Safety Director chez SEA, affirme que bien que les conditions soient difficiles pour les exploitants d'aéroports, il ne pense pas que SEA soit en mesure de revenir à des niveaux d'activité normaux sans accroître considérablement ses efforts en matière de développement durable.
« Au sein des principaux aéroports européens, nous partageons un objectif commun : atteindre la zéro émission nette d’ici 2030, une ambition que, même pendant cette crise, certains exploitants d'aéroports ont décidé d'avancer pour ne pas attendre 2050. Cet objectif est ambitieux compte tenu de la décision du gouvernement italien (suite aux indications de l'UE) de ne pas inclure les projets de durabilité des aéroports italiens dans son plan de relance. »
SEA cherche à poursuivre la réduction de l’impact environnemental de ses aéroports. Suite à la crise et à la réduction drastique de notre capacité d’investissement, nous sommes conscients que nos initiatives mettront plus de temps à aboutir qu’avant la pandémie. Néanmoins, elles se poursuivront.
Si parvenir à la neutralité carbone impose d'incroyables défis aux entreprises qui exploitent des actifs d'infrastructure, il s'agit désormais du principal problème auquel est confronté la sphère des entreprises. Celles qui l’atteindront avec succès atténueront leurs risques, amélioreront leur résilience et se positionneront idéalement sur le marché pour tirer parti de nouvelles opportunités.
Le groupe Indigo s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2025 pour ses émissions de Scope 1 et 2. Notre participation au Groupe de travail sur les Transports d’Ardian nous a permis de confirmer notre méthodologie et de constater que les mesures prévues par notre groupe étaient également prises par d’autres acteurs du secteur des infrastructures.
ASCENDI
Ascendi, le deuxième plus grand réseau autoroutier du Portugal, gère les actifs d'infrastructure et fournit des services de perception de péage et d'exploitation et de maintenance. Elle détient des participations majoritaires dans 6 concessions routières portugaises, couvrant 630 km en exploitation.
ASTM
ASTM est l'un des plus grands opérateurs mondiaux dans la gestion des concessions d'autoroutes avec environ 4 500 kilomètres de réseau en concession dans des pays tels que l'Italie, le Brésil et le Royaume-Uni.
INDIGO
Indigo est le leader mondial du stationnement et de la mobilité individuelle. Il exploite et pilote le développement du stationnement sur et hors voirie sur tous les continents. La société est présente dans plus de 750 villes du monde et emploie plus de 23 000 personnes dans 12 pays.
LISEA
Le projet LISEA représente l'un des plus grands contrats de concession en Europe. LISEA a obtenu le contrat de concession de la Ligne à Grande Vitesse Tours-Bordeaux (projet SEA). Dans le cadre de ce contrat établi en juin 2011 par le Réseau SNCF, LISEA est responsable du financement, de la conception, de la construction, de la maintenance et de l'exploitation de la nouvelle LGV jusqu'en 2061 (pour 50 ans).
SEA
SEA Group gère les aéroports de Milano Linate et Milano Malpensa en fournissant tous les services et activités connexes. Le modèle économique du Groupe SEA est basé sur les caractéristiques des trois domaines d'activité dans lesquels la société opère: l'aviation commerciale, l'aviation générale et l'énergie.
VESPUCIO NORTE
Le Vespucio Norte Express est une autoroute urbaine express essentielle à Santiago du Chili, avec 29 kilomètres d'extension. Túnel San Cristóbal à Santiago du Chili est un tunnel express à péage de 4 kilomètres à Santiago.
DELOITTE CENTRAL MEDITERRANEAN
Deloitte est l'un des principaux fournisseurs mondiaux de services d'audit et d'assurance, de conseil, de conseil financier, de conseil en risques, de fiscalité et de services connexes. Deloitte Central Mediterranean S.r.l. est la filiale pour les territoires d'Italie, de Grèce et de Malte de Deloitte NSE LLP.