Quelle utilisation de l’IA au service de l’investissement durable ?

Le rôle de l’intelligence artificielle dans l’investissement

En 2024, 58 % des services financiers mondiaux utilisent l’intelligence artificielle (IA) classique et générative. Une tendance appelée à croître, puisque 90 % des équipes financières envisagent de déployer une solution technologique basée sur l'IA à horizon 2026 . Le secteur de la finance apparaît par ailleurs comme étant le secteur affichant l'un des taux d'adoption les plus élevés. Les secteurs de la santé, du commerce de détail et de l'industrie manufacturière intègrent également l’IA dans leurs opérations.
 

Pour les investisseurs de long-terme engagés dans la transition vers une économie plus durable, cette avancée technologique vient ainsi logiquement accompagner leurs processus en développant leurs capacités d’analyse et d’accompagnement des sociétés.  Comment ? Grâce à la collecte et à l’analyse de vastes volumes de données, essentielles pour identifier et évaluer les opportunités d'investissement alignées sur les critères de développement durable. Cela permet aux investisseurs engagés dans la transition écologique de prendre des décisions éclairées en ligne avec les objectifs environnementaux et financiers globaux.

Bien que l'IA optimise le traitement des informations, elle reste vulnérable aux biais et erreurs liés à la qualité des données  sur lesquelles elle est entraînée. Une équation délicate pour les investisseurs qui doivent maximiser leurs performances, minimiser les risques, rester conformes aux réglementations, et s’adapter aux innovations technologiques en cours de développement.
 

Quelles opportunités l’IA offre-t-elle à l’investissement durable ?

L’intelligence de la donnée  permet de mieux piloter la stratégie d’investissement dans des secteurs à fort impact environnemental et sociétal comme celui des infrastructures et des énergies renouvelables.  Les infrastructures représentaient encore 12,1 % de l’empreinte carbone à l’échelle européenne en 2020 et plus d'un tiers des émissions totales de gaz à effet de serre aux États-Unis en 2024 .

La décarbonation des infrastructures est donc un levier clé pour atteindre la neutralité carbone conformément aux objectifs de l’Accord de Paris de 2015, qui appelle à limiter le réchauffement climatique en dessous de 2 °C , et du Pacte vert pour l’Europe, qui prévoit de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030  avant de parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.

Dans ce contexte, les acteurs de l’investissement développent des solutions technologiques innovantes basées sur l’IA pour aligner leurs portefeuilles d’investissement sur les objectifs de l’Accord de Paris et de l’Union européenne.

Pour les actifs renouvelables par exemple, nous collectons et analysons un important volume de données - météorologiques, opérationnelles, de marché - que nous réunissons sur notre plateforme interne, Opta, et qui oriente l’équipe vers les opportunités les plus intéressantes en termes d’énergies renouvelables. Nous sommes convaincus du rôle stratégique de l’intelligence de la donnée appliquée à l’investissement. »

Optimisation d’actifs et aide à la création de valeur

En interne, les équipes d’Ardian utilisent Opta, une plateforme conçue par Ardian dédiée à la gestion des investissements en énergies renouvelables. Cette dernière vise à optimiser un portefeuille de plus de 2,5 gigawatts (GW) d'actifs de production et de stockage d'énergies renouvelables . Grâce à Opta, Ardian suit les opérations et la stratégie de mise sur le marché de l’électricité issue de son portefeuille, en capturant les opportunités d’amélioration opérationnelle et d’optimisation commerciale via un système d'alerte et de simulation intelligent, notamment. Par exemple, les équipes peuvent simuler plusieurs combinaisons de contrats de commercialisation de l’électricité afin d’en déduire le schéma le plus adapté aux objectifs de performance et de risque du fonds.

« Autre exemple de notre utilisation de l’intelligence de la donnée dans nos activités ; nous sommes actionnaire d'aéroports. En coordination avec les managers d’aéroports en portefeuille, nous avons développé une plateforme en ligne : Ardian AirCarbon. Elle aide les aéroports à quantifier et réduire leurs émissions de scope 3, qui représentent environ 96 % des émissions liées aux activités aéroportuaires », précise Skander Kamoun. Cette solution permet aux gestionnaires d'aéroports de prendre des décisions éclairées et de suivre en temps réel leurs émissions de carbone .

Beaucoup d'entreprises sur le marché sont encore en phase de structuration et de collecte de ce type de données ; c’est une étape essentielle.

Toutefois, une utilisation raisonnée et prudente

L’utilisation de l’IA est nécessaire pour rester pertinent et continuer à identifier et évaluer de nouvelles opportunités d’investissement, ainsi qu’à accompagner efficacement les sociétés qui intègrent le portefeuille des fonds d’investissement. « Nous devons intégrer l’IA dans la conduite de nos activités pour rester compétitifs », insiste Skander Kamoun. Cependant, une utilisation raisonnée et prudente de l’IA reste nécessaire : « C’est un outil d’aide à la performance et à la décision. Elle ne se substitue pas à l’humain qui garde son pouvoir de décision finale ». 

« Par exemple, avec nos aéroports en portefeuille, nous nous assurons que la donnée vienne de leurs bases et non de sources publiques. De même, nous responsabilisons nos entreprises en portefeuille pour qu’elles vérifient préalablement leurs informations lorsqu’elles nous les remontent à travers les différents reportings ESG ».

Véritable tournant technologique, l’IA est suscetipble de profondément transformer le secteur financier, mais l’analyse de la fiabilité des données collectées doit demeurer un prérequis indispensable à son utilisation.