Ardian et le groupe Celli : des solutions durables pour la consommation de boissons
Histoire de croissance, Finance Responsable
Ardian et le groupe Celli : des solutions durables pour la consommation de boissons
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14 Décembre 2020
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Private Equity
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Sustainability, Buyout
Temps de lecture : 9 minutes
Il appartient à chaque entreprise d’agir avec les moyens dont elle dispose – pas seulement les entreprises d’ailleurs, chacun de nous au niveau individuel également. Mais simplement déclarer que « cela est meilleur pour l’environnement » ne suffit pas.
Pourriez-vous nous présenter Celli et votre rencontre avec Ardian ?
Mauro Gallavotti : Celli est une société italienne fondée il y a plus de 40 ans. Elle est spécialisée dans la conception, l’élaboration et la fabrication de systèmes de distribution de boissons fraîches, notamment de la bière, des sodas et de l’eau. Depuis que j’ai rejoint le groupe en 2013, le chiffre d’affaires a augmenté de 30 millions à 130 millions d’euros et notre effectif est passé de 100 à 600 salariés. Durant cette période de croissance, nous avons été portés par la conviction que nos concurrents directs n’étaient pas les autres fabricants de systèmes de distribution, mais plutôt la bouteille elle-même, c’est-à-dire la façon dont on consomme les boissons et ce que cela implique pour l’environnement. Le concept de distribution de boissons propose une alternative de loin plus durable à la bouteille et à la canette. Et c’est d’autant plus important dans le cas de l’eau à l’heure où nous sommes confrontés à sa rareté.
Marco Bellino : Nous nous sommes intéressés à Celli assez rapidement car nous avons compris que cette société était en pleine mutation, mutation que l’on doit notamment à Mauro. Il a apporté son expertise et sa détermination à la société, mais aussi sa vision d’un réel partenariat avec ses clients – exactement ce que nous cherchons pour nos investissements. Il y a donc eu un terrain d’entente en termes de vision, qui a compté dès le début. Selon moi, la société possède deux vecteurs de croissance. Le premier est la durabilité, car le monde va dans ce sens à de nombreux égards. Être moteur dans cette direction représente une réelle opportunité et une vraie valeur ajoutée pour le type de partenariat qu’une société veut nouer avec ses clients. Le second vecteur est la technologie – et, bien évidemment, ces deux vecteurs ne sont pas tout à fait indépendants l’un de l’autre. Cette envie d’innovation constitue un point d’ancrage pour un modèle d’affaires durable. Dans ces deux dimensions, nous avons identifié une excellente opportunité d’investissement ainsi qu’une belle équipe de management à soutenir dans les années à venir.
la technologie doit jouer un rôle clef pour libérer de la valeur et construire un avenir plus durable, tout en améliorant le bénéfice immédiat du produit pour le consommateur.
L’un des facteurs qui différencie la vision Sustainable Buyout d’Ardian, c’est l’accent mis sur des sociétés dont le principal domaine d’activité n’est pas uniquement fondé sur le progrès sociétal ou la protection de l’environnement. Pensez-vous que toutes les sociétés doivent désormais agir comme des acteurs de changement ?
M.B : Il appartient à chaque entreprise d’agir avec les moyens dont elle dispose – pas seulement les entreprises d’ailleurs, chacun de nous au niveau individuel également. Mais simplement déclarer que « cela est meilleur pour l’environnement » ne suffit pas. De bons orateurs font des discours pour nous convaincre que nos choix de consommation doivent être motivés par la volonté de laisser un monde meilleur à nos enfants ; mais une entreprise qui innove dans son domaine doit faire sa part, en mettant la technologie au service du changement. Celli est ici un très bon exemple, qui reflète également une de mes convictions personnelles : la technologie doit jouer un rôle clef pour libérer de la valeur et construire un avenir plus durable, tout en améliorant le bénéfice immédiat du produit pour le consommateur. Chez Ardian, ce dont nous sommes le plus fiers dans ce partenariat avec Celli, c’est que l’entreprise est restée extrêmement fidèle à sa stratégie, même pendant cette période inédite et difficile. Ensemble, nous tenons fermement à la vision que nous avons créée et à sa valeur stratégique.
La durabilité n’est pas une tendance ou une mode. Nous ne racontons pas d’histoire pour « greenwasher » notre activité. Au contraire, il s’agit vraiment du cœur de notre entreprise.
M.G : La durabilité n’est pas une tendance ou une mode. Nous ne racontons pas d’histoire pour « greenwasher » notre activité. Au contraire, il s’agit vraiment du cœur de notre entreprise. C’est encore une raison pour laquelle le partenariat avec Ardian s’est présenté de manière si évidente, car c’est un acteur majeur réellement engagé en faveur de la durabilité. La nature de notre modèle d’affaires nous positionne à la pointe d’une vague qui ne cesse de s’intensifier, avec un avantage concurrentiel développé au cours des cinq ou six dernières années. Nous pouvons tirer profit de ces avantages et nous laisser porter par cette vague en rejoignant le portefeuille d’Ardian, et nous sommes extrêmement fiers de faire partie de la famille Ardian.
Nous nous inscrivons dans un ensemble d’entreprises vouées à rendre la consommation d’eau plus durable. La gestion des ressources en eau est au premier rang de nos priorités, et nous contribuons de manière importante à cet effort.
Pourriez-vous nous expliquer comment la durabilité est devenue, au fil des années, un élément majeur de l’ADN de Celli ? Cette transformation a-t-elle compté dans votre partenariat avec Ardian ?
M.G : Lorsque j’ai rejoint la société en 2013, nous nous posions des questions fondamentales : « Quelle est l’idée derrière le développement de cette entreprise ? Dans quel sens devons-nous aller ? ». La durabilité a été au cœur de notre réflexion, surtout au regard des chiffres : les bouteilles et les canettes représentent 95 % des boissons consommées dans le monde, alors qu’il est bien plus responsable de boire de l’eau dans une bouteille réutilisable, remplie depuis une fontaine à eau. Il y a aussi la question de l’empreinte carbone en termes de transport, sans oublier le gaspillage et les déchets plastiques dans les océans. Notre objectif est maintenant d’aller vers une dynamique de consommation plus équilibrée, ce qui ne signifie pas non plus que nous sommes contre l’eau minérale. Nous nous inscrivons dans un ensemble d’entreprises vouées à rendre la consommation d’eau plus durable. La gestion des ressources en eau est au premier rang de nos priorités, et nous contribuons de manière importante à cet effort.
Notre dernier projet, Acqua Alma Green Building, propose des distributeurs automatiques conçus autour d’une technologie de pointe pour remplir des bouteilles réutilisables, destinés aux immeubles d’habitation. Nous travaillons avec les promoteurs italiens pour inscrire cette technologie dans leur nouveau concept de bâtiments verts. Notre slogan est « Don’t recycle, refill », ce qui est certes un peu provocateur, mais il est vrai que remplir des bouteilles réutilisables a un impact plus positif que le simple recyclage. Le système intègre une bouteille connectée que l’on peut coupler à une application mobile. L’utilisateur reçoit un message d’accueil personnalisé quand il s’approche du distributeur. L’application enregistre les boissons préférées et les habitudes de chaque utilisateur, de telle manière qu’il ait au bout des doigts toutes les données sur sa consommation et son hydratation. L’application l’informe aussi du nombre d’arbres qui ont été épargnés grâce à l’utilisation de sa bouteille réutilisable. Ce n’est qu’un exemple du potentiel de la technologie et des solutions digitales : ici, la digitalisation de l’expérience boisson s’accompagne de durabilité.
M.B : Comme l’a dit Mauro, le concurrent principal de Celli, c’est la bouteille elle-même. Et au cours des dernières années, les points de vue sur la durabilité ont évolué. Le premier élément de cette évolution a été l’arrivée, chez les investisseurs, d’un suivi régulier des performances des sociétés sur ces critères. La question de la durabilité est devenue un vrai moteur de changement pour les investisseurs, pour qui ces enjeux sont désormais déterminants dans la prise de décision. Il a donc fallu que le secteur s’adapte. Comme sur nombre d’autres aspects, ce qui était autrefois perçu comme un coût – et même une réelle menace pour certains dans le passé – est de plus en plus perçu comme une opportunité à poursuivre de manière proactive.
La crise nous a poussés à revoir le planning, à mettre en place des changements prévus pour les prochaines années en seulement six mois.