De l’investissement à la cession d’entreprise, les clés pour changer de dimension
Histoire de croissance
De l’investissement à la cession d’entreprise, les clés pour changer de dimension
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04 Avril 2024
Temps de lecture : 6 minutes
Pour quelles raisons Optimind a décidé de se rapprocher d’Ardian ?
Christophe Eberlé : Actuaire de formation, j’ai fondé Optimind en 2000. L’entreprise propose des prestations de conseil en gestion des risques, actuariat, finance et conformité. L’activité de conseil s’est progressivement développée autour de l’ensemble de la chaîne des risques des institutionnels et grandes entreprises après nos premières années dédiées principalement à une approche quantitative autour de l’actuariat. Au fil des années, notre ambition s’est affirmée simplement : devenir le n°1 français en management des risques.
Le choix de faire alors appel à un fonds d’investissement minoritaire visait à franchir une nouvelle étape sur notre chemin de croissance, notamment en matière de croissance externe.
Ardian, dont l’arrivée a été finalisée début 2019, s’est imposé assez rapidement comme un partenaire naturel. D’abord, du fait de la qualité de l’équipe Growth, pour son approche entrepreneuriale et son implication dans notre projet.
Ensuite, pour la réputation du fonds, qui est une signature connue et respectée pour nos clients, principalement des établissements bancaires et d’assurances.
D’après vous Alexis, pourquoi Ardian a-t-il fait le choix d’Optimind ?
Alexis Saada: Chez Ardian, nous avons une prédilection pour les leaders catégoriels. Nous avons pris la décision d’investir chez Optimind, parce que nos analyses ont vite mis en avant la rareté de cette plateforme en Europe continentale. La prise de participation a eu lieu dans le cadre d’un processus compétitif : nous n’étions pas les seuls à avoir identifié ses métriques financières prometteuses.
Plus précisément, notre analyse stratégique a mis en évidence que la société disposait d’une compréhension particulièrement fine du marché et d’un potentiel de croissance plus élevé que d’autres acteurs plus généralistes. La question était ensuite de savoir si le management en place était capable d’amener l’entreprise à l’étape suivante dans une trajectoire de croissance accélérée.
Partage-t-on une vision commune de la trajectoire à suivre ? Il est rapidement apparu que l’équipe managériale disposait des prérequis nécessaires pour passer à l’étape suivante. En plus d’une vision partagée de la trajectoire de croissance, nos intérêts économiques étaient alignés.
Un succès partagé : la croissance accélérée d’Optimind avec Ardian
Quelles ont été les décisions stratégiques clés qui ont permis de transformer l'entreprise à l’arrivée d'Ardian en 2019 ?
Christophe Eberlé : Nous avions déjà un niveau de maturité élevé dans notre faculté à recruter les bons talents et à offrir les bons services. Le principal apport d’Alexis et son équipe a résidé dans l’élaboration d’une méthodologie d’identification des cibles et la détermination des entreprises susceptibles de répondre à nos objectifs tout comme à un accompagnement expert dans notre stratégie de sortie. Notre maturité sur les fonctions financières internes était évidente mais nous ne disposions alors d’aucune expérience de stratégie en croissance externe. Le M&A est un vrai métier et, assurément, l’équipe Growth d’Ardian dispose de compétences que nous n’avions pas. Nous avons beaucoup appris à leur côté. La connaissance du secteur, des fonds, des stratégies de sortie, nous a donc clairement aidé à identifier les acquisitions à réaliser. Ces différents éléments nous ont permis de réaliser au total six acquisitions, dont cinq en deux ans. Dès la troisième acquisition, nous avons pu nous appuyer sur la méthodologie interne que nous avions mise en place précédemment.
Alexis Saada : De fait, il existe une différence fondamentale entre réussir une acquisition et avoir une stratégie de croissance externe. Celle-ci implique une capacité d’analyse et de standardisation des tâches. C’est une courbe d’expérience déterminante pour une entreprise qui a une vocation consolidatrice sur son marché.
Quel a été le mode de fonctionnement entre Optimind et Ardian ?
Christophe Eberlé : Dans notre partenariat, on peut distinguer deux phases. D’abord, un temps d’analyse et de mise en confiance mutuelle. Ardian apprend à connaître l’entreprise et son dirigeant. De son côté, l’entreprise intègre quelle sera la juste place du fonds dans sa gouvernance. A l’issue de cette période, après le Covid dans notre cas, les choses sont allées très vite, avec un fonctionnement très fluide, en confiance.
Cette efficacité se retrouve dans la volonté de chacun d’aller droit au but, tout en prenant le temps qu’il faut au moment qu’il faut, avec une vraie disponibilité d’Ardian.
Alexis Saada : Oui, c’est une relation au caractère informel, avec une approche « à la demande ». En cas d’identification d’un besoin, nulle nécessité d’attendre plusieurs mois une rencontre dans un cadre formel. Les choses avancent rapidement, de manière coordonnée, avec une forme réelle d’affectio societatis. Une relation où chacun trouve sa place, où l’on parle la même langue. Au-delà de la création de valeur pour tous, c’est épanouissant et très gratifiant sur le plan humain.
Stratégies gagnantes et essor rapide avec le support d’Ardian
Comment s’est matérialisée la transformation d’Optimind ?
Christophe Eberlé : Entre 2019 et 2022, nous sommes passés de 180 à 450 collaborateurs, d’environ 30 millions à 60 millions d’euros de chiffre d’affaires. Cela a été globalement réalisé sans tensions particulières grâce à une logistique forte, notamment informatique, et à une dotation financière initiale importante qui nous a mis à l’abri des problématiques de hausse des taux. Nous avons appris sur les indicateurs de base et sur la définition de ce qui avait pleinement du sens pour notre activité. En synthèse, je dirais que nous étions une grande PME avec une spécialisation locale et nous sommes devenus une petite ETI avec une spécialisation globale.
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450employés
en 2022 contre 180 en 2019
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60millions d’€
en 2022 contre 30 millions d'€ en 2019
Alexis Saada : La taille de l’entreprise a doublé, avec une évolution similaire des effectifs. Quand nous avons quitté Optimind en juillet 2023, celle-ci était devenue une plateforme réellement attractive pour un industriel européen.
Que ce soit des sociétés éditrices de logiciel, des sociétés détentrices de brevets dans le domaine de la santé, ou des sociétés de services aux entreprises : le point commun des entreprises que nous accompagnons au sein de l’activité Growth d’Ardian est le brain power, des experts qui évoluent dans l’économie de la connaissance, de l’intelligence.
La dynamique de croissance rentable de telles sociétés repose sur une expertise, non seulement celle de ses dirigeants, mais aussi celle d’une équipe constituée de personnes très qualifiées qu’il faut motiver, pousser vers l’avant et retenir. D’où la nécessité d’un management capable de mener l’entreprise à l’étape d’après, dans une démarche de croissance durable.
Cap sur l’avenir : la cession à Accenture
Quelle logique avez-vous suivie pour procéder à la cession d’Optimind ?
Alexis Saada : Nous nous appuyons sur l’expérience acquise pour mettre en pratique efficacement l’art de la sortie. Il s’agit d’envisager les meilleurs scénarios, de savoir maintenir de l’optionalité entre un certain nombre de possibles, et pour cela d’anticiper très en amont la construction de cette étape. Puis de savoir naviguer ces anticipations pour ouvrir les meilleures portes, au meilleur moment.
Christophe Eberlé : Cette dernière étape a été opérée à la lumière du travail que nous avons mené ensemble, et notamment des croissances externes successives. Selon notre analyse, la suite logique était un développement géographique européen. Or, le moment ne s’y prêtait pas. Le rachat d’Optimind par Accenture a été finalisé en juillet 2023, moins de cinq ans après l’arrivée d’Ardian.