Entretien avec Patrick Paige, CEO de HDT Group, et Vincent Fandozzi, responsable d'Ardian North America Fund.
Pourquoi Patrick Paige est-il le CEO idéal pour cette opération d’intégration ?
Vincent Fandozzi : Patrick possède 32 ans d’expérience dans des entreprises industrielles et nous lui avons demandé de transformer un ensemble d’actifs en une société véritablement mondiale. Il a constitué une équipe de direction qui conçoit aujourd’hui une vision à cinq ans pour l’entreprise. Le travail accompli par Patrick et son équipe soutient notre thèse d’investissement lorsque nous avons conclu l’opération, qui était que ces sociétés solides entretenant d’excellentes relations client nous offriraient un bel éventail d’opportunités une fois fusionnées. Cela nécessitait toutefois d’assembler une équipe de direction partageant la même vision. Celle-ci est désormais opérationnelle et nous commençons à récolter les fruits de la création d’une organisation unique et mondiale capable d’offrir plus de valeur à ses clients. Par exemple, Ford n’avait jamais passé de commande à Huron en dehors de l’Amérique du Nord, alors qu’actuellement, ayant adapté la capacité de l’usine en Pologne, nous produisons pour la première fois pour Ford en Europe. Nous abordons également d’autres projets importants avec nos clients et commençons à entrevoir ce dont cette entreprise sera capable, une fois intégrée de manière appropriée.
Nous avions déjà d’excellents produits et un très bon service client. Nous mettons aujourd’hui en place des systèmes nous permettant de fonctionner comme une unité mondiale performante et rentable.
Quelles ont été vos priorités depuis que vous avez pris vos fonctions de CEO début 2018 ?
Patrick Paige : Ma première tâche a été de renforcer l’équipe de direction. J’ai recruté un nouveau directeur financier et un nouveau responsable RH, et nous avons promu en interne un directeur commercial et un directeur informatique. Ensuite, nous nous sommes attelés à la création d’une organisation rassemblant les deux sociétés fusionnées par Ardian pour former HDT : Huron, basée aux États‑Unis, et Dynamic Technologies, qui possédait neuf usines hors des États‑Unis. J’ai rapidement constaté que chaque usine possédait ses propres systèmes et pratiques d’exploitation, et que nous étions en réalité 10 entités séparées et non deux. Le groupe était excessivement fragmenté et nombreux étaient les cadres de la société qui ne s’étaient jamais rencontrés. Nous disposions de très bons produits et d’excellentes relations client, mais pas de systèmes nous permettant de fonctionner en tant qu’unité de dimension mondiale. Nous avons progressé dans ce domaine, mais il nous reste du travail. Par ailleurs, pour compliquer encore la tâche au cours des premiers mois, nous préparions au Canada le plus grand lancement produit de l’histoire de la société et notre usine a connu des problèmes. Je savais, avant de rejoindre la société, qu’il faudrait améliorer considérablement les opérations et nous avons commencé par le Canada. J’y ai passé 80 % de mon temps en 2018. Nous appliquons désormais de nouveaux principes de production et nos produits attirent toujours plus de clients. Notre situation fin 2018 était beaucoup plus solide qu’en début d’année et 2019 pourrait être la meilleure année de l’histoire de l’usine.
Quels sont vos objectifs principaux pour la société ?
P.P. : Maintenant que nous avons élaboré un plan pour harmoniser les opérations dans toutes les usines, j’ai réuni les 17 plus hauts responsables de la société au niveau mondial pour qu’ils développent une vision stratégique, soutenue par un plan d’action détaillé pour HDT. Nous sommes convaincus de pouvoir dégager des dizaines de millions de dollars des améliorations apportées au cours des prochaines années, et de générer une croissance organique solide du chiffre d’affaires et de l’EBITDA. Par ailleurs, nous étudions de près les opportunités du segment des véhicules électriques et hybrides. Nous sommes spécialisés dans les systèmes de refroidissement de groupes motopropulseurs de véhicules, et la première difficulté pour le marché des véhicules électriques actuellement est le refroidissement des batteries. Les principes d’ingénierie étant transférables, l’un de mes principaux objectifs est de nous positionner sur ce nouveau marché stratégique.