Quand la gestion des risques et la croissance se rencontrent : entretien avec Optimind
Histoire de croissance
Quand la gestion des risques et la croissance se rencontrent : entretien avec Optimind
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21 Février 2023
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Private Equity
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Growth
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Paris
Temps de lecture : 15 minutes
Musique
Être un leader mondial de l’investissement privé, ce n’est pas qu’une question de croissance. C’est aussi une histoire de relations humaines.
Ardian est une société française d’investissement privé qui développe constamment son portefeuille - pour renforcer ses partenariats, offrir son expertise et rester fidèle à son esprit entrepreneurial.
Je suis Colette Davidson. Bienvenue dans “Entrepreneurial Journeys”, le podcast sur l’engagement d’Ardian à construire collectivement de meilleures entreprises. Dans chaque épisode, nous en apprendrons davantage sur le réseau international d’Ardian.
Musique
Intro
Optimind est une société de conseil basée à Paris. Parmi ses clients, on compte des compagnies d’assurances, des banques ou de grands groupes, auxquelles Optimind apporte son expertise, notamment en gestion des risques.
En 2019, Optimind accueille Ardian en tant qu’actionnaire minoritaire - dans le cadre d’une levée de fonds de 25 millions d’euros, destinée à appuyer ses investissements futurs et sa croissance externe.
Mais au début, cette décision n’est pas facile à prendre. Les deux sociétés doivent d’abord s’assurer que leurs objectifs sont alignés.
Pour Ardian comme pour Optimind, il faut aller au-delà du simple accord financier et partager une vision du développement de l’entreprise et du but à atteindre.
Je me suis rendue dans les bureaux d’Optimind à Paris pour rencontrer Christophe Eberlé, le PDG d’Optimind, Aline Roy, sa DRH, et Alexis Saada, le responsable de l’activité Growth d’Ardian, pour en apprendre un peu plus sur ce partenariat.
Musique
Colette:
Christopher Eberlé Bonjour.
Christophe:
Bonjour Colette.
Colette:
Vous êtes le CEO et fondateur de Optimind. Est-ce que vous pourriez nous expliquer les débuts de Optimind ?
Christophe:
Tout à fait. Optimind est né en 2000 sur une idée somme toute assez simple, c'est de faire du consulting expert pour le secteur de l'assurance et de la finance. Donc les premières années de Optimind ont été focussées sur le développement de l'actuariat conseil qui est une discipline assez confidentielle et particulière qui consiste à faire des mathématiques appliquées au secteur financier et assurantiel. Et au fur et à mesure de ce développement, assez rapide somme toute, avec des périodes de croissance annuelle de plus de 40 %. On a développé petit à petit notre manifeste, notre ADN autour de la gestion des risques plus globale, autour des sujets quantitatifs, l'actuariat, mais également des sujets qualitatifs du risk management incluant tout ce qui est cartographie des risques, gestion de crise, compliance. Avec un objectif, déjà à l'époque, de devenir le leader français en gestion des risques. On en était bien loin, puisqu'on est partis de zéro et on est arrivé en 2012 à une société constituée d'environ 140 consultants, plutôt bien placée, sur notre marché, avec une concurrence de plus en plus forte sur ces secteurs, notamment avec des grandes sociétés internationales de conseil, des big four et des acteurs locaux également en bonne position.
Colette:
Quelle était votre stratégie de développement ?
Christophe:
Stratégie basée sur de vieilles valeurs autour de la croissance organique et sur le temps long. J'ai envie de vous dire, avec une politique assez agressive dans le sens noble du terme de recrutement, avec une politique de communication très forte également sur un secteur où historiquement, la communication d'entreprise institutionnelle ne se faisait pas naturellement et également une vision du métier de consultant expert. Mais malgré tout en intégrant de fortes méthodologies autour du consultant. Et finalement, pour résumer peut-être d'être un acteur local suffisamment équipé en termes de méthodologie pour pouvoir se mettre à niveau des meilleurs standards internationaux et notamment de ce que les Big Four, concurrents naturels pour nous proposent à leurs clients et nous de manière peut être plus implantée sur le terrain local des différents acteurs du marché, qu'ils soient compagnies d'assurances, banques et également grands corporate.
Colette:
Et comment s'est passée votre rencontre avec Ardian et son équipe ? Partagez-vous une vision commune pour l'avenir ?
Christophe:
Tout à fait. Ça ne s'est pas fait forcément naturellement. Avant de se rencontrer, il y a un processus de réflexion autour de l'entrepreneuriat qui est le maître mot de cette rencontre et de notre histoire. À savoir : comment, après une quinzaine d'années de croissance organique, accélérer le développement de l'entreprise au regard des enjeux du moment (On est à peu près en 2016-2017) et de pouvoir accélérer, avec cette idée de pouvoir faire de la croissance externe et de trouver un acteur du private equity notamment en mesure de nous accompagner autant sur les aspects financiers que sur un aspect plus méthodologie de marché ? Autre objectif à ce moment-là : pouvoir avec cet actionnaire de référence, augmenter notre signature sur notre marché qui est un marché institutionnel et de ce fait, de trouver un acteur ayant un poids suffisant en termes de signatures pouvant entrer au capital d'Optimind. C'est le début de la réflexion. Après, assez classique j'imagine, un processus a été organisé avec une banque d'affaires et on a rencontré Ardian à ce moment-là. Ce qui a fait la différence et Alexis pourra certainement le confirmer, ça n'a pas été forcément les conditions financières... Ou en tout cas l'argent n'a pas été au centre de nos préoccupations. La préoccupation première était effectivement de rencontrer une équipe d'entrepreneurs capables d'accompagner l'entreprise et ses dirigeants, dont moi-même, autour de projets de build-up, tout en assurant derrière cette fonction de support en termes de marque.
Colette:
Christophe Eberlé, qu'attendiez-vous de cet accompagnement concrètement ?
Christophe:
Alors évidemment, la capacité de pouvoir récupérer des fonds propres pour justement accompagner cette politique de build-up, mais également cette forte capacité qui, qui est clairement une partie de l'ADN de l'équipe Ardian Croissance, de pouvoir nous aider à identifier des sociétés d'entrepreneurs - dans leur langage, des cibles - permettant d'assurer notre politique, notre stratégie de développement autour de la gestion des risques, tout en ayant des sécurités suffisantes, nous interdisant d'aller sur les mauvaises affaires et plutôt d'aller sur des projets cohérents en capacité d'accompagner rapidement la croissance de l'entreprise.
Colette:
Alexis Saada Bonjour.
Alexis:
Bonjour Colette.
Colette:
Vous êtes responsable de l'activité Growth d'Ardian.
Est-ce que vous pouvez définir cette relation entre Ardian et Optimind ?
Alexis:
Tout simplement nous sommes accompagnants. Vous avez compris que notre métier, c'est de venir apporter un soutien à une équipe qui par elle-même ferait déjà très très bien toute seule. Et donc de venir en quelque sorte contribuer à cette création de valeur, mais chacun dans son rôle. Donc l'objectif, c'est de partager des expériences, des bonnes pratiques, des erreurs qui ont été faites et que du coup, on aimerait bien ne pas commettre une nouvelle fois dans une nouvelle aventure. Et donc ça peut effectivement être animé. Mais c'est toujours cordial et ça débouche toujours sur, j'ai envie de dire, la meilleure décision possible au moment où elle est prise. Parce qu'on sait que dans ces entreprises qui sont des entreprises de croissance, qui font évoluer parfois leurs activités comme on l'a fait chez Optimind, qui prennent un certain nombre de risques qui sont plutôt des risques d'exécution, que des risques de modèle. Et tout ne se fait pas en ligne droite. Ce n'est pas nécessairement une vitesse constante, c'est pas forcément une direction unique avec un cap qui ne varie pas. Il faut gérer un peu la mer qu'on trouve. Et pour arriver à bon port, ça nécessite parfois de se débarrasser de certitudes ou d'en embrasser de nouvelles, en tout cas.
Christophe:
C'est une vraie relation au sens humain et challengeant du terme. Et si on veut éviter de faire du blabla, en fait, il y a des moments pas toujours agréables ou l'une partie ou l'autre exprime son point de vue, qui n'est pas forcément celui de l'autre partie. Et les discussions peuvent être animées et dans ce sens, j'ai envie de dire positif Et je dois avouer que sur certains sujets, j'ai été non pas contraint, mais convaincu de changer d'option et ça m'a rendu peut-être plus efficient et plus juste dans certaines des décisions, notamment d'acquisition. Et c'est l'occasion de remercier Alexis et son équipe pour ça !
Colette:
Quelles ont été les transformations stratégiques de ces trois dernières années pour Optimind ?
Christophe:
La transformation majeure a été clairement l'accélération de notre croissance grâce au build-up et à l'accueil de plusieurs entreprises, puisqu'on a réalisé dans l'intervalle six acquisitions, dont cinq en quasiment douze mois, et ce qui a permis à Optimind, tout simplement, de doubler de taille. Et Aline nous expliquera certainement mieux que moi, les transformations majeures constatées en interne dans l'entreprise. Déjà, quand Ardian est rentré au capital d'Optimind, ça a été un choc entre guillemets positif pour nos clients, qui nous ont regardé différemment. Et pour nous, ça a été un niveau de confiance supérieur dans le business... Quand, dans la bataille, on a plus confiance, on y va peut-être plus facilement et plus d'efficacité. Donc c'est une transformation en soi psychologique, mais qui a son sens en fait sur le territoire des affaires.
Colette:
Et quelles étaient les expertises qu'ils ont apportées, concrètement ?
Christophe:
Alors une expertise indéniable qui fait, j'imagine, partie de leur ADN historique puisque c'est leur métier. C'est l'analyse financière au sens large du terme des entreprises. Et à savoir effectivement, qu'est-ce que la valeur d'une entreprise ? Quel est l'actif, quelle est la solidité de l'actif et quelle est sa pérennité dans le temps, à la fois seul et avec nous. Et ça, c'est une vraie expertise sur laquelle, pour ma part, je pense avoir terminé mon premier cycle de formation avec Ardian. Aujourd'hui, j'ai beaucoup appris de cette expertise et je m'en suis inspiré pour les dernières opérations.
Colette:
Aline Roy, bonjour !
Aline:
Bonjour Colette.
Colette:
Vous êtes la directrice des ressources humaines chez Optimind. Et donc quelles évolutions avez-vous vu ces dernières années suite à l'implication de Ardian dans le capital de la société ?
Aline:
En trois ans, on a vu une croissance exponentielle puisque ça nous a permis de doubler plus que doubler notre taille. Et donc aujourd'hui, on est quasiment plus de 400 collaborateurs avec en effet, comme l'a dit Christophe, six acquisitions, dont cinq en douze mois, ce qui est énorme. Donc ça nous a permis justement de couvrir tous les marchés aujourd'hui et de répondre à toutes les problématiques de notre écosystème de clients. Et donc d'aller, comme l'a dit Alexis tout à l'heure, d'aller se positionner sur des marchés où nous n'étions pas encore suffisamment bien implantés, comme par exemple la finance ou encore le risk management, avec la dernière acquisition qu'on vient de faire.
Colette:
Est ce qu'il y avait aussi des enjeux, les enjeux en termes de recrutement suite à la croissance de l'entreprise ?
Aline:
Alors il y avait bien entendu à la fois des enjeux de recrutement, puisqu'il fallait qu'on continue à faire de la croissance organique classique, mais également un vrai enjeu d'intégration, de partage des cultures, de partage des valeurs qui était absolument fondamental pour nous. Et c'est quelque chose aujourd'hui dont on est assez fier puisqu'on n'a absolument rien imposé. Mais on a pu partager ces valeurs et je pense que c'est ça aussi qui nous a permis de faire ces rapprochements parce que c'était la base pour nous en fait de les partager.
Christophe:
Je crois, pour compléter Aline et c'est une des valeurs qu'on partage certainement avec Ardian, c'est l'humilité et l'agilité. A chaque rencontre avec les entreprises qui nous ont rejoints, on n’a jamais hésité à faire le scoring des meilleures pratiques. Et à dans certains cas, changer nos process ou changer de manière de faire au profit de meilleures pratiques que nos sociétés qui nous ont rejoint pratiquaient. Et du coup, c'est une manière d'expliquer aussi que notre ADN a évolué positivement, c'est à dire en prenant le meilleur de chacune des sociétés et de faire en sorte que ces rencontres humaines entre un entrepreneur - parce que les sociétés sont toutes portées par des entrepreneurs qui nous ont rejoints, de la même manière que nous, on a rejoint Ardian ou l'inverse - et c'est ces rencontres-là, au-delà des aspects financiers de la capacité financière, c'est ce qui nous a en tout cas, avec Aline, le plus, le plus marqué et le plus enthousiasmé, ça a été la rencontre avec les hommes et du coup, naturellement, l'intégration s'est fait plus facilement.
Aline:
Il y a un point que je souhaite rajouter, c'est qu'on est passé d'une PME à une ETI, grâce à la présence d'Ardian, notamment.
Alexis:
C'est trop d'honneur. Mais ce qui est certain, c'est qu'un de vos mérites, c'est d'avoir su quand même mettre en place la structure nécessaire pour tenir une montée en charge, ce qui nécessitait à la fois d'embaucher pas mal de monde sur l'organique. Et d'accueillir quand même des équipes qui étaient fournies parfois.
Alexis:
Donc c'est votre mérite de l'avoir très bien fait. Parce que c'est vrai qu'on oublie parfois que quand on a des boites internet qui multiplient leur taille par six en 18 mois, c'est sûr que si l'intendance suit pas, il se passe rien. Ça s'arrête au milieu du gué. Et vous même si c'est pas à ce niveau-là de croissance parce que c'est pas 70 % par an, la problématique de people est quand même assez robuste.
Christophe:
C'est essentiel. Et si on reprend le langage un peu militaire, on a nos soldats sur le terrain et il faut les alimenter avec du support com', du support RH, du support office, du bien-être, de l'animation, de la formation. Et tout ça, ça a été un des talents des équipes et notamment d'Aline. Ça a été de pouvoir accompagner ces croissances en faisant en sorte que la logistique puisse suivre. Parce qu'un consultant sans logistique, c'est comme un soldat sans fusil. (RIRES) Christophe
Ou un diner aux chandelles sans chandelles, si tu préfères.
Colette:
Est ce qu'on peut parler d'une success story depuis le début de votre partenariat avec Optimind ?
Alexis:
Oui, ça fait partie des belles réussites de notre millésime actuel. On est très fiers d'avoir pu rejoindre cette aventure, que Christophe nous ait fait confiance après une première rencontre où on avait un peu croisé le fer sur l'analyse du marché et la façon de se projeter. On n'était pas forcément tous les deux dans une approche de séduction, mais plutôt de confrontation d'idées. Et je crois qu'on peut réellement dire que c'est un succès.
On est passé vite sur les échecs, mais la première croissance externe qu'on a voulu faire qui était significative et potentiellement transformante pour nous, on est allé très loin. Il y avait quand même à peu près tout qui clignotait au vert. On était après, après la bouteille de vin et la main serrée. Et pourtant, c'est tombé à l'eau pour des raisons qui n'étaient pas forcément de bonnes raisons. Et finalement, à l'arrivée, et au lieu de faire une grosse acquisition transformante, on en a fait un certain nombre qui était significative et finalement c'était probablement moins risqué à l'arrivée. Donc y a toujours un mal pour un bien.
Christophe:
Exactement c'est ce que j'appelais une capacité d'adaptation et d'agilité et de changer la face tactique. Success stories, ça se traduit aussi pour un fonds d'investissement, lors de sa sortie. Et ça, c'est l'avenir qui finira de répondre à la question.
Colette:
Alors si on regarde à l'avenir. Christophe Eberlé, quelle est votre stratégie chez Optimind ?
Christophe:
Je suis assez heureux de pouvoir dire aujourd'hui que notre stratégie est celle qu'on avait prévu il y a à peu près cinq ans déjà, puisqu'aujourd'hui on pense être arrivé à notre objectif de leadership national, c'est à dire d'avoir constitué une société présente sur tous les sujets autour du risk management et de taille plus que significative. Et la suite ? L'objectif, c'est notre feuille de route 23 28 qui vise à construire en Europe ce qu'on a construit en France et à profiter des réglementations européennes qui donnent beaucoup de sens, à créer un Optimind européen sur une base de plateforme française. Avec à la fois du développement organique évidemment, puisque c'est aussi l'ADN d'Optimind, mais également avec Ardian, et un autre éventuel acteur, pouvoir développer en Europe une politique de build-up visant à accélérer ce mouvement.
Colette:
Christophe Eberlé, Aline Roy et Alexis Saada, merci beaucoup d'être avec nous.
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Outro
Depuis qu'Ardian a rejoint la société de conseil en gestion des risques Optimind en tant qu'actionnaire minoritaire en 2019, la société a réalisé six acquisitions et a doublé de taille. Comment les équipes d’Ardian ont-elles contribué à guider Optimind dans ces acquisitions, et comment ce cabinet parisien a-t-il géré cette croissance exponentielle ?
Notre journaliste Colette Davidson s'est rendue au siège d'Optimind à Paris pour rencontrer Christophe Eberlé, CEO d'Optimind, Aline Roy, sa Directrice des Ressources Humaines, et Alexis Saada, Managing Director et Responsable de l’activité Growth d'Ardian, afin d'en savoir plus sur la façon dont les deux partenaires ont traversé ces changements structurels et leurs objectifs de développement...
Notre rôle est de fournir un soutien aux équipes de direction pour contribuer à la création de valeur. L'objectif est de partager les expériences et les meilleures pratiques.
Je n'ai pas été contraint, mais convaincu de revoir mes options sur certains sujets. Cela m'a aidé à être plus efficace et plus précis dans certaines décisions, en particulier pour les acquisitions.
Entrepreneurial Journeys est le podcast consacré à l’engagement d’Ardian en faveur d’un changement durable, en s’associant à des entrepreneurs pour créer des entreprises résilientes et performantes, capables d’affronter l’avenir.
Ce podcast est animé par Colette Davidson et produit par Louie Creative pour Ardian.
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